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Après avoir échangé plusieurs lettres avec Roume sur le service judiciaire et financier, rendu à Jérémie, le 25 février Rigaud répondit à une autre de Roume, du 20, qui lui demandait des informations sur les causes de la mort de ces prisonniers. Il lui dit qu’il avait appris ce malheureux événement dans sa route ; qu’il fut occasionné par les causes naturelles signalées plus haut ; que Dartiguenave avait formellement ordonné, par écrit, au commissaire des guerres et à l’officier de garde de prendre des précautions à cet égard. Cet événement le porta à contremander l’ordre qu’il avait donné de faire juger militairement les chefs de la révolte ; il les fit détenir, en élargissant les cultivateurs qu’ils y avaient entraînés, en renvoyant à leur corps les militaires égarés par les factieux. Au Corail, il avait rendu une proclamation à cet effet, et le calme se rétablit.


Dans les conférences du Port-au-Prince, le général Bauvais qui, depuis longtemps, ne comprenait plus le rôle qu’il était appelé à jouer dans les affaires de la colonie, par son ancienneté dans la carrière militaire et politique, s’était montré disposé à tenir une exacte neutralité, dans la querelle existante entre T. Louverture et Rigaud, par suite de la décision rendue par Hédouville à son départ. La perspicacité du général en chef lui fit découvrir facilement le parti qu’il pouvait tirer de cette disposition de Bauvais. Il lui manifesta les plus grands égards. Roume, qui agissait de concert avec lui, en usa de même envers Bauvais. Celui-ci n’appuya ni les demandes du général en chef, ni la résistance de Rigaud.

    hommes entassés dans une chambre étroite pouvaient mourir aussi par une cause naturelle. Si l’on avait voulu les tuer, c’est au Corail que cette exécution aurait eu lieu.