Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/314

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« Il a contracté un engagement d’épouser Doria Ursula Guerrero : cet officier se dispose à partir pour Porto-Rico sans remplir cet engagement sacré. J’ai toujours été d’avis qu’un gouvernement sage devait veiller continuellement à la pureté des mœurs ; et je pense que vous, M. le Président, qui êtes père de famille et chef, vous n’apprendrez pas avec plaisir qu’un officier de S. M. C. quitte l’île sans s’acquitter d’une promesse solennelle et d’un devoir aussi sacré. J’ai donc tout lieu d’espérer que, vous joignant à moi pour maintenir les bonnes mœurs dans toute leur pureté, vous accorderez un congé à cet officier pour remplir ses engagemens : il pourra partir ensuite pour rejoindre son corps. »

Rien n’échappait à la vigilance de T. Louverture : en faisant cette réquisition, il se recommandait à toutes les familles qui restaient dans la partie espagnole.

Il est probable qu’en invitant Don Garcia à s’en aller promptement, il redoutait l’arrivée de quelque ordre du gouvernement consulaire, pour laisser les choses dans le statu quo par rapport à la partie espagnole ; et s’il est vrai que cet ordre parvint effectivement au Cap, son injonction à l’ex-gouverneur s’explique encore mieux, car il a dû en avoir connaissance immédiatement.

Enfin, le 22 février Don Joachim Garcia quitta Santo-Domingo où il résidait avant 1776, emmenant avec lui les fonctionnaires publics et les troupes de sa nation[1]. En 1799, l’audience royale (cour suprême de justice) avait été transférée à Puerto-Principe de Cuba, par un ordre de la

  1. Don J. Garcia était commissaire pour le Roi d’Espagne dans le tracé des limites entre les deux colonies espagnole et française, terminé par un acte du 28 août 1776, signé au Cap par lui et le vicomte de Choiseul. Le comte et marquis d’Énnery était alors gouverneur général de la partie française.