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Thozin, qui touche à ce bourg. Toureaux le mit de nouveau en état de défense. Les troupes du général en chef évacuèrent le bourg à l’arrivée de Toureaux, et se rendirent à Léogane.

On a accusé Rigaud d’avoir lui-même ordonné le mouvement offensif de Faubert contre le Petit-Goave. Que ce soit lui ou cet officier, comme nous venons de le dire, sur les observations de Delva, le fait ayant eu lieu, il était impossible que Rigaud abandonnât de nouveau ce point militaire qui couvrait mieux le département du Sud que Miragoane : il devait encore s’emparer du Grand-Goave. Il devait même faire plus, avancer avec sa petite armée contre Léogane, afin de tirer parti de l’audace de la première attaque, en essayant d’ébranler le moral des troupes de T. Louverture. Il ne pouvait pas s’imaginer que la prise du Petit-Goave ne lui serait pas attribuée à lui-même, lorsqu’il s’y rendit avec Geffrard : la guerre ayant commencé par ses troupes, il devenait l’agresseur aux yeux de beaucoup de gens, à ceux de Roume et de T. Louverture, qui ne tiendraient pas compte de la présence de Dessalines au Port-au-Prince, dans le but évident de marcher contre le Sud, dès qu’il serait renforcé par les troupes attendues du Nord.

Devenu agresseur, il fallait essayer de faire passer le prestige des armes de son côté ; et Léogane, en ce moment, était sans défense. Or, il venait de publier la lettre d’Hédouville qui l’autorisait à étendre son commandement du Sud jusque-là ; il s’était déclaré investi de tous les pouvoirs dans ce département. Aurait-il été plus agresseur, plus coupable, de s’emparer de cette ville que des autres qu’il avait consenti à abandonner et qu’il reprit ? Rendu à Léogane, qu’il aurait pu défendre comme du temps des