Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/125

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« Considérant qu’une grande partie des habitans abandonnent la campagne pour se réfugier dans les villes, sans nul moyen d’existence ;

« Considérant en outre que ces mêmes individus peuvent devenir très-dangereux à la chose publique, par leur état de misère, soit en fomentant des troubles intérieurs, soit en cherchant à passer dans les pays étrangers, par la crainte des faux bruits que des malveillans répandent, notamment dans la ville du Cap ;

« Considérant enfin qu’il est très-urgent de prendre des mesures promptes et efficaces pour réprimer de tels abus ;

« Vu les ordres réitérés qui ont été donnés aux différens chefs, de renvoyer à la culture les personnes sans aveu, résidant dans les villes ; et d’après la négligence qu’ils y ont mise jusqu’à ce moment… »

En conséquence de ces motifs, les commandans de place durent fournir dans le plus bref délai, des états de la population des villes ou bourgs. Ces états parvenus aux mains des généraux commandans d’arrondissemens ou de divisions, ceux-ci durent convoquer de suite en assemblée générale (revue sur la place publique), les personnes portées sur les états, afin de s’assurer de l’exactitude de ces documens ; et alors, celles qui seraient reconnues n’avoir point les moyens suffisans pour demeurer en ville, seraient renvoyées à la culture. Les particuliers des villes, ayant des domestiques à leur service, ne pouvaient conserver que le nombre strictement nécessaire, les autres, — sans nulle exception, — devant être renvoyés à la culture ; c’est-à-dire, pour cultiver la terre dans les campagnes.

On peut dire que cette ordonnance établissait le niveau