Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/133

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promptement, avec sa volonté énergique et absolue, c’était la fondation d’une grande sucrerie avec toutes ses usines et une guildiverie pour la fabrication du tafia ou du rhum, sur les terrains contigus des anciennes habitations Marchand et Laville. Il annonça qu’en moins de dix-huit mois, cette fondation fonctionnerait dans toutes ses parties : au bout d’une année son vœu était accompli.

Les hôtes impériaux furent ensuite congédiés, et chacun d’eux reprit la route qui devait les conduire au siège de leurs fonctions respectives.

Tandis que l’Empereur d’Haïti se réjouissait au milieu de ses compagnons d’armes et des fonctionnaires publics, de l’indépendance obtenue par les efforts de la nation, le général Ferrand rédigeait à Santo-Domingo un acte qui devait lui rappeler qu’il avait encore des combats à livrer, de nobles travaux à entreprendre, pour en finir définitivement avec la domination française sur le territoire de l’île. Digne successeur de Rochambeau dans l’ancienne colonie espagnole, ce général publia, le 6 janvier, l’arrêté suivant qu’il faut produire avec ses motifs et la plupart de ses dispositions.

Toujours occupé des dispositions propres à anéantir la rébellion des noirs dans la colonie de Saint-Domingue, et considérant qu’une de celles les plus efficaces pour arriver à ce but est d’en diminuer la population et de les priver, autant que possible, des moyens de se recruter ;

Considérant que ce recrutement journalier doit naturellement tomber sur les noirs et gens de couleur au-dessous de quatorze ans ; et la politique jointe à l’humanité, réclamant que l’autorité légitime prenne des mesures pour empêcher les deux sexes de cet âge et de cette couleur de participer à des crimes et à une révolte qui les conduiraient inévitablement aux châtimens les plus terribles ;