Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/217

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port de la culture, les travaux étaient aussi surveillés que partout ailleurs. Geffrard n’avait point à se mêler de l’administration de la justice qui est du ressort des tribunaux, ni de celle des finances dont les agents recevaient les ordres du ministre à qui ils rendaient compte de leurs opérations. En quoi pouvait-il donc mériter des reproches ?

Mais les choses étaient arrivées à ce point, qu’il sentit la nécessité d’avoir un entretien avec Dessalines, afin de se justifier de toutes les imputations lancées contre lui : en conséquence, il sollicita de l’empereur la permission de se rendre à Marchand. Dessalines, qui présumait sans doute le motif de ce voyage, lui répondit de le différer jusqu’au premier janvier 1806, où il devait y venir en même temps que tous les autres généraux.


En attendant cette réunion, Dessalines vint au Port-au-Prince. Il s’agissait dans ce voyage d’une affaire toute personnelle à lui, comme père de famille, et toute politique par le résultat qu’il espérait obtenir. Ayant une charmante demoiselle, nommée Célimène, sa fille naturelle née avant son mariage avec l’impératrice, il conçut le projet de la marier au général Pétion. En sa qualité de père il ne pouvait pas choisir un mari plus méritant que ce général ; comme chef de l’État, il croyait obtenir par cette alliance plus de dévouement de la part de celui qui lui en avait donné des preuves, depuis trois ans. Il pensait encore, dit-on, à en faire un symbole vivant de l’union étroite du noir et du mulâtre, dont les deux époux seraient la personnification la plus haute.

Certes, les divers motifs qui portaient Dessalines à désirer ce mariage, sont louables ; mais, malheureusement,