Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/244

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siderait souverainement, en vertu de sa constitution impériale ? Non, sans doute. Et que devenait donc cette prétendue constitution, en présence du conseil secret tenu dans sa chambre ?

Pétion et Geffrard avaient-ils raison suffisante pour conspirer contre sa vie ? Oui, sans doute, puisqu’il avait voulu les faire assassiner.

Dessalines, général en chef, gouverneur général, ou empereur, était-il, pouvait-il être un maître absolu, ayant droit de vie et de mort sur des citoyens, des généraux tels que Pétion, Geffrard et Christophe, même sur le plus obscur des Haïtiens ?

Poser la question, c’est la résoudre dans le sens de la Résistance à l’oppression.

Nous arriverons bientôt à cet acte fameux dans nos annales. En attendant, passons à d’autres faits.


Le 10 janvier, un décret fut rendu pour régler le mode de chargement des navires, à l’exportation. Tout commerçant qui expédiait des denrées du pays à l’étranger, était contraint de charger autant de café, de sucre et de coton pour former la cargaison. Les capitaines des navires étaient eux-mêmes tenus de recevoir à leur bord ces trois espèces de denrées pour pouvoir être expédiés dans les ports de l’empire. Ainsi, le gouvernement impérial réglait les opérations commerciales, sans s’inquiéter de savoir si l’on devait gagner ou perdre sur ce que l’on exportait du pays, si l’on avait plus besoin de café que de sucre ou de coton pour être porté à l’étranger, en retour des marchandises importées en Haïti. Un tel décret, venu après celui qui contraignait les navires à se consigner aux négocians selon le numéro de leurs patentes, était