Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/373

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Qui se serait aventuré à lui donner un tel avis ? Il n’en savait rien, de même que Pétion. L’un et l’autre pouvaient conjecturer à cet égard, mais sans avoir une certitude.

Mais, en apprenant la mort de Dessalines, il résolut de mettre de suite à exécution ce qu’il avait médité. Pour un tel acte, il avait besoin d’un homme dévoué, imbu déjà de ses projets de conspiration avec Geffrard et Pétion : le général Romain était cet homme, par qui il avait éclairé ces deux généraux à Marchand, le 1er janvier. Il le manda auprès de lui, ainsi que le général Dartiguenave, commandant de l’arrondissement de la Grande-Rivière, sur la docilité duquel il ne pouvait que compter en cette circonstance. Voici sa lettre à Romain :

C’est avec des larmes de sang, général, que je vous apprends que je viens d’être informé par S. E. le ministre des finances et par le colonel Pierre Toussaint, que S. M. l’Empereur vient d’être assassiné ; il a commencé à se battre depuis l’habitation Sibert jusqu’au Port-au-Prince, croyant que les troupes et les habitans de cette ville étaient pour lui ; il y est arrivé, mais, hélas ! il n’y a trouvé que la mort.

En conséquence, au reçu de la présente, rendez-vous sans délai auprès de moi, et laissez le commandement au général Guillaume. Recommandez bien à Pourcely de faire maintenir l’ordre dans cette demi-brigade (la 9e). Je vous attends.

Signé : Henry Christophe.

Romain était au Port-de-Paix. On voit ce que craignait Christophe, au moment où il allait faire tuer Capois ; il s’appuyait surtout sur Pourcely, colonel de la 9e, pour contenir ce corps qui aimait ce général et qui pouvait s’exaspérer, quand il apprendrait sa mort.

Capois était en ce moment en tournée vers Ouanaminthe. Christophe l’avisa de la mort de Dessalines, en