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que la conduite de la guerre était subordonnée à l’organisation politique de la République, à laquelle il fallait pourvoir d’abord.

Les motifs de Pétion, pour ne pas suivre les conseils de Gérin, étaient qu’il voulait enlever à ce dernier l’occasion d’acquérir de l’influence sur les troupes de l’Ouest ! Il n’en avait même pas sur celles du Sud ; elles lui obéissaient par devoir militaire, mais non pas à raison de cet ascendant qu’un chef exerce sur des troupes, et qu’on appelle de l’influence. Ou le commandement supérieur attribué à Pétion dans le passage cité, était le résultat de la haute influence qu’il exerçait, ou nous ne comprenons rien ; car, alors, il n’était pas le chef de Gérin. Le fait est qu’ils agirent ensemble, comme collègues, en leurs qualités de général et de sénateur : seulement, ils ne furent pas d’accord sur les mesures à prendre.

Par cette raison, après avoir échangé des coups de fusil avec les troupes envoyées par Christophe, l’armée revint au Port-au-Prince.

« Pétion rentra au Port-au-Prince, et le quartier de l’Arcahaie, généralement dévoué à la République, se trouva abandonné. Le général Gérin blâma sévèrement la conduite qu’il avait tenue dans cette campagne, lui reprocha ouvertement de ne s’être pas emparé de Saint-Marc et de n’avoir pas marché sur le Cap, les populations étant, de toutes parts, favorables à la République. Il était d’autant plus indigné contre Pétion, que ce général venait de s’attacher deux officiers influens du Sud, en exhortant le Sénat à nommer Francisque général de brigade, et Borgella, colonel. — Pétion, pour se justifier, disait que Christophe se perdrait tôt ou tard par sa férocité, et qu’il était inutile, par consé-