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LE TYRAN

DU
DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE
EST-IL CHARLES VI ?




Une étude attentive m’avait conduit à la conviction qu’il y a dans la Servitude volontaire des interpolations, que ces interpolations sont justement les passages qui ont fait la fortune politique de cet ouvrage et qu’elles sont de la façon de Montaigne. Je constate par ma correspondance qu’un nombre croissant de Montaignistes se rangent à cette opinion.

Un des plus autorisés m’écrit : « De plus en plus votre thèse me paraît : 1o plausible en soi ; 2o intéressante par le caractère nouveau et singulièrement honorable — quoiqu’en aient dit certains de vos contradicteurs — qu’elle donne à la physionomie de Montaigne. »

M. Reinhold Dezeimeris est loin de partager cette opinion. Il pense, au contraire, que la « proposition très inattendue » que j’ai formulée, non seulement « bouleverserait de fond en comble les opinions reçues jusqu’ici », — ce que je lui accorde sans difficulté, — mais « ferait planer des doutes les plus graves sur la sincérité de Montaigne, quant à la nature des sentiments exprimés par lui, des actes accomplis par lui au point de vue politique, et mettrait en doute sa bonne foi et sa droiture ».

Pour défendre l’auteur des Essais contre le tort que j’aurais fait à sa mémoire, mon savant contradicteur a communiqué, il y a quelques mois, à l’Académie des Sciences et Belles-Lettres de Bordeaux, un Mémoire où toutes les ressources d’une savante stratégie ont été déployées par un esprit des plus déliés. Il a pour titre : Sur l’objectif réel du Discours d’Étienne de La Boëtie : De la Servitude volontaire.