Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/15

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c’est pourquoi veuf je suis et veuf je resterai : vous pouvez en faire part aux commères.

Dubois.

Mais votre nom, monsieur le marquis ? Cet antique nom d’Auberive, le laisserez-vous s’éteindre ? Permettez à un vieux serviteur d’en être navré.

Le Marquis.

Que diable, mon bon ami, ne soyez pas plus royaliste que le roi !

Dubois.

Et que voulez-vous que je devienne, moi ? S’il n’y a plus d’Auberive au monde, qui voulez-vous que je serve ?

Le Marquis.

Tu as des économies : tu vivras en bourgeois, tu seras ton maître.

Dubois.

Quelle chute ! Je ne m’en relèverais pas. Votre vieux serviteur vous suivra dans la tombe.

Le Marquis.

À quinze pas, s’il vous plaît ! — Tu m’attendris, Dubois ; sèche tes larmes, tout n’est pas désespéré.

Dubois.

Quoi ! mon maître se rendrait à mes humbles prières ?

Le Marquis.

Non, mon ami ; j’ai fait mon temps et je ne reprendrai pas de service. Mais je tiens à mon nom autant que tu peux y tenir toi-même, sois-en persuadé, et j’ai trouvé une combinaison extrêmement ingénieuse pour le perpétuer sans m’exposer.