Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/153

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avec ramifications dans les salles à manger et les boudoirs.

Maximilien.

Tu plaisantes : mais ne t’y fie pas ! Ce parti-là s’appelle légion.

Giboyer.

Légion de colonels sans régiment, état-major sans troupes. Ils prennent pour leur armée les curieux qui les regardent caracoler ; ils passent des revues de spectateurs ; mais le jour d’une levée sérieuse, ils battraient le rappel dans le désert.

Maximilien.

À ce compte, ils ne sont pas bien redoutables.

Giboyer.

Ils le sont beaucoup pour les gouvernements qu’ils soutiennent. Ces gaillards-là ne savent verser que les voitures qu’ils conduisent, mais qu’ils les versent bien !

Deux domestiques apportent le thé.
Maximilien, regardant vers le salon.

Chut !… on vient !… Le marquis d’Auberive ! Avec qui est-il ?

Giboyer.

Avec l’éminent Couturier de la Haute-Sarthe… Un libéral repenti !

Maximilien.

Ils ont l’air de s’adorer.

Giboyer.

Je crois bien ! Tous frères et amis ! — Tiens, je m’étais amusé à lâcher dans mon article de ce matin quelques