Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/178

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Madame Maréchal.

Monsieur ! monsieur ! respectez au moins ma famille.

Maréchal.

Eh ! madame, elle n’est pas respectable… Je ne vous en estime que plus d’ailleurs ; je n’ai pas de préjugés, moi. Je méprise la noblesse ; la seule distinction que j’admette entre les hommes, c’est la fortune.

Madame Maréchal.

Si vous méprisiez la noblesse, elle vous le rend bien. M. le comte d’Outreville nous a déjà signifié par la baronne qu’il n’épousait pas la fille d’un démagogue.

Maréchal.

Vraiment ! Il ne me fait plus l’honneur d’empocher mes écus, ce gentillâtre râpé ? M. le comte d’Argencourt me casse aux gages ? Il me destitue de son alliance ? Comme ça se trouve ! J’allais lui donner ma démission.

Madame Maréchal.

Ah ! monsieur, votre langage s’abaisse avec vos sentiments ; vous devenez commun.

Maréchal.

Je parle à la bonne franquette, comme il sied à un homme libre. Loin de moi l’afféterie des cours :

Fredonnant.
Je suis du peuple ainsi que mes amours…


soit dit sans vous offenser, mademoiselle Robillard.

Madame Maréchal.

Vous êtes un révolutionnaire, un cannibale, voilà ce que vous êtes !