Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/53

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Le Marquis.

Sait-il au moins que vous êtes son père ?

Giboyer.

À quoi bon ? S’il ne gardait pas le secret, il se nuirait ; et, s’il le gardait, j’en serais profondément blessé. Pourquoi d’ailleurs lui mettre dans l’âme cette cause de timidité ou d’impudence ? Qu’y gagnerais-je ? Croyez-vous qu’à un moment donné, il ne me pardonnerait pas plus malaisément mes tares, s’il avait à en rougir comme d’une tache originelle ?

Le Marquis.

Savez-vous, mon brave, qu’il vous est poussé de grandes délicatesses de sentiment depuis que je ne vous ai vu !

Giboyer, sèchement.

Il vous en poussera tout autant quand vous serez père.

Le Marquis.

Holà ! maître Giboyer, vous vous oubliez !

Giboyer.

Je riposte, voilà tout, monsieur le marquis. — Maintenant, venons au fait ; car je ne suppose pas que vous vous soyez livré à ce long interrogatoire par pure curiosité.

Le Marquis.

Et que supposez-vous, je vous prie ?

Giboyer.

Qu’avant de m’offrir un poste de confiance, vous avez voulu vous assurer si mon secret était un cautionnement suffisant. Vous suffit-il ?