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Chap. XI, 3.
Chap. XI, 34.
Ier LIVRE DES MACHABÉES.


donc vers la Syrie avec des paroles de paix ; les villes s’ouvraient devant lui et les habitants accouraient à sa rencontre ; car le roi Alexandre avait ordonné d’aller au-devant de lui, parce qu’il était son beau-père. 3Mais dès que Ptolémée était entré dans une ville, il y laissait de ses troupes pour la garder. 4Lorsqu’il approcha d’Azot, les habitants lui montrèrent le temple de Dagon brûlé, la ville elle-même et ses alentours en ruines, les cadavres épars et les restes de ceux qui avaient ete brûlés dans la guerre ; car ils en avaient fait des monceaux sur la route. 5Et ils lui racontèrent ce qu’avait fait Jonathas, afin de le rendre odieux ; mais le roi se tut. 6Jonathas se rendit auprès du roi à Joppé pour lui rendre hommage ; ils se saluèrent mutuellement et passèrent là la nuit. 7Jonathas accompagna le roi jusqu’au fleuve nommé Eleuthère, puis il retourna à Jérusalem.

8Le roi Ptolémée se rendit ainsi maître des villes maritimes jusqu’à Séleucie sur la mer, et il méditait de mauvais desseins contre Alexandre. 9Il envoya des ambassadeurs au roi Démétrius, pour lui dire : “ Viens, faisons alliance ensemble, et je te donnerai ma fille qu’Alexandre a epousée, et tu règneras dans le royaume de ton père. 10Je me repens de lui avoir donné ma fille, car il a cherché à m’assassiner.”[1] 11Il le rabaissait ainsi parce qu’il avait envie de son royaume. 12Ayant enlevé sa fille, il la donna a Démétrius ; dès lors il rompit avec Alexandre et leur hostilité devint publique. 13Ptolémée fit son entrée à Antioche et mit sur sa tête deux couronnes, celle d’Egypte et celle d’Asie. 14En ce temps-là Alexandre était en Cilicie, parce que les habitants de cette contrée s’étaient révoltés. 15Dès qu’il apprit la trahison de son beau-père, Alexandre s’avanca contre lui pour le combattre ; le roi Ptolémée deploya son armée et marcha à sa rencontre avec de grandes forces, et le mit en fuite. 16Alexandre s’enfuit en Arabie pour y chercher un asile, et le roi Ptolémée triompha. 17L’Arabe Zabdiel trancha la tête à Alexandre et l’envoya a Ptolémée. 18Le roi Ptolémée mourut trois jours après, et les Egyptiens qui étaient dans les forteresses furent tués par les habitants. 19Et Démétrius devint roi, l’an 19 cent soixante-sept.

20En ces jours-la, Jonathas rassembla ceux qui étaient en Judée afin de s’emparer de la citadelle de Jérusalem, et il dressa contre elle beaucoup de machines de guerre. 21Alors quelques hommes impies, qui haïssaient leur nation, allèrent trouver le roi Démétrius et lui rapportèrent que Jonathas assiègeait la citadelle. 22À ce recit, Démétrius fut irrité ; des qu’il 22 eut entendu, il se hata d’accourir a Ptolémaïs et il ecrivit à Jonathas de cesser le siège de la citadelle et de venir immediatement le trouver à Ptolémaïs, pour conférer avec lui. Lorsque 23Jonathas eut reçu cette lettre, il ordonna de continuer le siège, et ayant choisi pour l’accompagner quelques anciens d’Israël et plusieurs prêtres, il s’exposa au danger. 24Ayant pris avec lui de l’or, de l’argent, des vêtements et beaucoup d’autres présents, il se rendit auprès du roi a Ptolémaïs, et recut de lui un accueil favorable. 25Quelques hommes pervers de sa nation portèrent contre lui des plaintes ; 26mais le roi fit pour lui ce qu’avaient fait ses prédecesseurs : il le combla d’honneurs en présence de tous ses amis, 27lui confirma le souverain pontificat et toutes les distinctions qui lui avaient été accordees précédemment, et le fit inscrire au nombre de ses prémiers amis. 28Jonathas demanda au roi d’affranchir de tout tribut la Judée et les trois toparchies de la Samarie[2], et il lui promit en retour trois cents talents. 29Le roi y consentit, et il écrivit sur tout cela à Jonathas une lettre ainsi concue :

30Le roi Démétrius à son frère Jonathas et à la nation des Juifs, salut ! 31Nous vous adressons une copie de la lettre que nous avons écrite à votre sujet à Lasthénès, notre cousin, afin que vous la connaissiez. — 33Le roi Démétrius à Lasthénès, son père, salut ! 33Nous avons résolu de faire du bien à la nation des Juifs, qui sont nos amis et observent ce qui est juste envers nous, à cause des bons sentiments qu’ils nous ont témoignés. 34Nous leur confirmons et le territoire de la Judée et les trois cantons detaches de la Samarie pour etre réunis à la Judée, savoir Ephraim, Lydda et Ramathaïm avec toutes leurs dépendences ; en faveur de tous ceux qui vont sacrifier à Jérusalem nous faisons cette concession[3], au lieu des redevances qu’aupara-

  1. XI, 10. M’assassiner : allusion à ce fait raconté par Josèphe (Antiq. xiii, iv, 6) : Un favori d’Alexandre, nommé Ammonius, avait tenté d’assassiner Ptolémée, et comme Alexandre refusait de livrer le meurtrier, son beau-père le rendit responsable de l’attentat.
  2. 28. Les trois toparchies de la Samarie : voy. x, 38 et plus bas v. 34. D’après les textes grec et latin, il faudrait traduire, et la Samarie ; mais pourquoi Jonathas aurait-il sollicité cette faveur pour une province de tout temps hostile à la Judée ? Il y a là sans doute une faute de copiste.
  3. 34. Nous faisons cette concession : il semble manquer quelque chose au texte grec ; la Vulg. ajoute le mot sequestrari ; “ ces territoires et leurs revenus seront reservés, en faveur de ceux qui vont sacrifier en Jérusalem, au lieu des
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