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ABBÉS
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toute autre raison grave, un siège peut être pourvu par Rome d’un administrateur apostolique, qui a tous les pouvoirs canoniques de l’évêque résidentiel (v. g. Mgr Soulé, pour la Guadeloupe).

Le Pape, quand il juge à propos que les mesures provisoires peuvent cesser dans les pays où l'on propage la Vérité, transforme les vicariats apostoliques en évêchés résidentiels. Ainsi la hiérarchie catholique a-t-elle été établie ces derniers temps au Canada, aux États-Unis, aux Indes, au Japon (pour ne parler que des pays évangélisés par des Français).

Comme nous l’avons dit au début, notre Armoriai traitera des vicaires apostoliques, aussi complètement que nous avons pu le faire. Ce sera la première fois qu’on aura donné, dans un même ouvrage, une liste complète de ceux élus au XIXe siècle, avec mentions biographiques. Nous y ajoutons une courte note sur les congrégations ou sociétés qui fournissent des missionnaires français.

III. ABBÉS

Les Abbés[1] sont, de l’avis de plusieurs, les premiers des prélats après les dignitaires de l’Eglise revêtus de la pourpre cardinalice ou du caractère épiscopal. Ils sont, comme on dit, crossés et mitrés ; ils ont la croix pectorale, l’anneau, l’usage des pontificaux, etc. Ils sont bénits par un évêque, et cette cérémonie a beaucoup de rapport avec le sacre. Pour quelques-uns, mais pas en France, ni chez les Cisterciens, la bénédiction par l'Ordinaire n’est pas nécessaire. On verra, dans la partie de l’Armoriai qui leur est consacrée, quels Ordres ont eu en France des abbayes ces dernières années.

Absolument inutile d'entrer ici dans des explications sur les juridictions des Abbés, très diverses selon les abbayes et les Ordres (chez les Chanoines réguliers de Latran, par exemple, le supérieur du monastère n’est pas toujours l’Abbé).

Il a été parlé ci-dessus de la position de la crosse dans leurs armoiries. « Quant aux Pontificaux on recommande aux Abbés d’user d’objets et d’ornement plus modestes que les évêques, afin de montrer les différences de leurs dignités »[2]. Mais la mitre précieuse et la crosse de métal ne leur sont pas interdites. La croix pectorale des Abbés, qui doit renfermer des reliques, n’était pas portée avant le XIIIe siècle. C’est relativement récemment qu’elle a été prise d’une façon générale et comme signe de dignité, mais non de juridiction. Jadis en bois chez les Trappistes des deux observances, elle est actuellement en métal pour tous les Abbés, et suspendue à un cordon vert et or ; à Rome, du moins, c’est presque de règle. Toutefois les Cisterciens réformés ne semblent pas adopter uniformément ce cordon à cause du rituel de leur Ordre qui dit : (L. VIII, CXV, n. 3) « Crux…, esse débet ut e collo alligatis funiculis violaceis pendeat. » Mais ce rituel ne date que der Dom Augustin de Lestrange, qui, à la

  1. Je mets l'A majuscule au mot Abbé, quand il pourrait y avoir confusion avec un prêtre ordinaire.
  2. Rome, Plon, p. 218.