pelé Ambilloux ; et le lendemain j’étais envoyé à Angers sous la conduite d’un maréchal des logis titulaire avec douze de mes camarades pour faire le service d’estafette et seconder la gendarmerie. Au bout de huit jours, la Loire rentrant dans son lit voulut bien nous permettre de regagner l’École. J’étais enchanté de ce petit déplacement. Il m’avait procuré le plaisir de voir Angers et son vieux château, et de parcourir à cheval un pays admirable. Nous revînmes par les Aubiers et Saint-Florent. C’était peu de temps avant la fin du cours, et je voyais avec joie approcher le moment de rejoindre mon régiment.
Teissonnier, le maréchal des logis-poète dont j’ai parlé plus haut, m’avait précédé de quelques années à l’École, et il n’en avait pas gardé un très bon souvenir. Les vers suivants semblent l’indiquer. Ils sont extraits de son petit volume de poésies légères et intitulés : « Adieux à Saumur. » Cette épître est très longue ; l’auteur y raconte ses tribulations de toutes sortes, mais je n’en citerai que les seize premiers vers :
Adieu, Saumur, ville triste et sauvage !
Vingt et un mois ici j’ai pratiqué
Du cavalier le dur apprentissage,
Rompu de corps et l’esprit fatigué !
Le fou plaisir, la joyeuse allégresse
Dans ton séjour n’habitent pas souvent.