Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/175

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été propre. Je n’osai pas. Quitte à me rétracter après, je voulais auparavant savoir ce qu’il eût fait à ma place. Malheureusement, j’entrevoyais mille petits riens qui rendraient ma question difficile. Dupéché parlait de tout autre chose. Se souvenait-il seulement de la veille ? Comment y revenir sans donner prise à ses sarcasmes ? Ses chaussures qui craquaient, me troublaient. Et aussi sa pochette qui n’était plus rouge, mais verte. De plus, il parlait sans le moindre arrêt où faufiler ma question. Je me dis : « Comptons jusqu’à cent et alors coûte que coûte… » Arrivé à trente, je dus m’interrompre parce qu’il affirmait quelque chose qui exigeait mon oui. Je repris. ! J’en étais à soixante-quinze, soixante-seize, soixante-dix-sept, quand il me bourra le dos, d’une tape pareille à celle du bar de la veille, murmura : « Ce sacré Marcel » pressa le pas, et me laissa en plan. Je restai là penaud. Ah ! Dupéché, Dupéché contre le Saint-Esprit, s’il voulait troubler ma pensée, il calculait juste. « À ma place, qu’aurais-tu fait, cher ami. — Mais ceci, cher ami » et c’était tout. L’histoire tombait dans l’oubli. Au lieu de cela : « Ce sacré Marcel » et une bourrade.

Nous étions à jeudi. Le vendredi, il ne se montra pas. Le samedi, non plus. Il n’avait garde. Cela m’exaspéra. Au bureau je m’exas-