Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/217

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Pauvre maman ! Je répondis à contrecœur.

— Mais, oui, je l’aime beaucoup.

Je le détestais. Sa pochette était mauve, plus irritante que la rouge ou la jaune abricot. Ses chaussures craquaient moins, mais d’une façon qui m’exaspérait davantage. Nous partîmes bras dessus bras dessous.

Il avait un air triomphant et mystérieux. En arrivant devant la vitrine de sa Louise, je me souvins de son coup d’œil à ma première visite.

— Tu ne la regardes pas ?

— Quoi ? s’étonna-t-il. Qu’est-ce que je ne regarde pas ?

— Tu sais bien : la vitrine.

— Pourquoi regarderais-je la vitrine ?

— Euh ! comme l’autre fois, pour voir.

Tout est-il en ordre, oui ? Pas de signal, non ? La voie est bien libre ?

— La voie ! la voie ! Sacré Marcel. Entre ! Tu verras ce que tu verras.

La porte bouclée, il lança, comme d’habitude son « coucou ». Sa Louise, là-haut, nous attendait, plus bariolée que jamais. Toutes espèces d’odeurs et de crépitements arrivaient de derrière un rideau qui cachait la cuisine. La table était dressée. Un beau service, des fleurs, des fruits. De visite en visite,