Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/218

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Louise flambait de plus en plus pour son Jacques. Oui il s’appelait Jacques et même Jacquot. « Oh ! mon Jacquot… Viens, mon Jacquot… Embrasse-moi mon Jacquot. » Qu’avait-il de si rare, son Jacquot ? Cette fois avant qu’on fût à table, elle prit un raisin et voulut que son Jacquot le picorât sur sa bouche. Le pigeon et sa colombe ! Le repas en fut gâté d’avance.

Ils parlèrent surtout entre eux et de choses quelconques, sans qu’il y parût que je fusse l’invité de Louise. Quand elle disparaissait pour chercher un plat derrière le rideau, Dupéché me lançait un clin d’œil que je ne comprenais pas. Elle aussi avait un air triomphant et mystérieux. Qu’est-ce que tout cela signifiait ? Les raisins avalés pour de bon et non sans un partage répugnant du pigeon à la colombe, Jacquot se leva. On avait bu trois sortes de vin :

— Ne bouge pas. Regarde devant toi sans tourner la tête et attends.

Je fis comme il me l’avait dit. Au fond, cela me déplaisait très fort. Il passa derrière moi sur la pointe des pieds. Je l’entendis farfouiller dans des papiers, murmurer je ne sais quoi. Ses chaussures grinçaient. Pendant ce temps, Jeanne surveillait si je ne me retournais pas. Puis de nouveau, il fut devant