Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/227

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— Va tout droit, dit-elle. L’escalier est au fond.

Elle monta devant moi. Dans l’obscurité la peau de phoque froufroutait, invisible. Si j’y portais la main ? Serait-ce chaud ou bien froid ? Ce fut très doux. Elle interpréta mon geste :

— Petit impatient. Sois sage ici.

Je n’étais nullement impatient.

L’électricité révéla d’un seul coup sa chambre. On eût dit la chambre de maman. Un lit bien fait, une table nette, un crucifix dans un coin pour qu’on ne le vît pas trop. Par le fait, je le remarquai tout de suite. Sur la cheminée la photographie d’un soldat. Je l’examinai à cause de l’uniforme qui datait d’un autre temps :

— C’est Dufau.

— Ah !

Je le regardai mieux, puisque maintenant il était Dufau. Puis je ne sus plus que faire. Le vin de Dupéché m’alourdissait la tête : le Champagne surtout. J’étais venu parce qu’on m’y invitait et pour me reposer : « Quand il lui plaira, je m’en irai. » Si j’attendais autre chose, je ne m’en rendais pas compte. Je tâtai dans ma poche après quelque monnaie, pour lui payer son temps perdu. Je crus qu’elle compterait l’argent. Elle n’avança pas la