Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/246

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prétendait avoir découpé le soir de Nelly. Ne voulait-elle pas les conserver en souvenir de mon mensonge ou du sien ? Je retombai à l’étage d’en dessous. Pour sa paix, pour la mienne, il fallait en venir au sceau. Sachant que je n’oserais en parler, je m’expliquai dans une lettre. Je cherchai des mots tendres. Une petite voix les répétait au niveau de mon oreille, avec des intonations exagérées qui me dégoûtaient et m’en montraient la vilenie ! Je déchirai cette lettre.

Le lendemain Dupéché arriva :

— Plus que huit jours, mon vieux !

Pour maman, même pour moi, cela signifiait : « Plus que huit jours avant le mariage. » Mais il y avait dans son attitude comme une mise en demeure : que j’eusse à me dépêcher pour le sceau. En se retirant, il me fit un clin d’œil plus long que d’habitude.

J’arrivai chez Jeanne très agité. Sous le fouet de Dupéché, mes idées bondissaient d’un étage à l’autre. Elles grouillaient surtout dans l’obscurité de la cave. Jeanne n’avait pas eu le courage de jeter mes roses : elles se trouvaient sur la cheminée, et les deux élues dans le livre.

— Jeanne !

Elle se tenait sur le divan. Je me mis à genoux, pris ses mains et, je me souviens, un