Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/94

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me fallait recommencer. Si j’arrivais à bonne fin, le doute avait eu le temps de me rattraper, je recommençais encore. Recommencer comme pour mes prières, comme plus tard mes additions, comme ici je m’envoie le pouce dans l’œil et recommence. Autant que mes lèvres, mon cerveau ne cessait de bouger.

— Que marmonnes-tu, petit ?

— Je répète ma leçon.

— Comme ces études te fatiguent.

Pauvre maman !

Un peu plus tard, douter me peinant trop, je préférai une certitude. Je changeai de thème. Varia, celle qui existait en chair et en os, m’avait oublié. Elle devint : « Celle de là-bas », une morte qu’on regrette, mais qui ne compte plus. Varetchka seule exista, en reine. Le page était lié par un pacte : il ne l’oublierait jamais. Je m’embarquai là-dedans. Avec cette idée de morte en plus, mon amour devint funèbre.

Ah ! je m’y entendis à gâcher mon enfance. Si maintenant je rencontrais un de ces Marcel, ce que je lui en dirais à ce petit imbécile ! Et cela ne servirait à rien. On peut faire le compte. La crise commença à treize ans, j’en eus quatorze, quinze. Rien ne changea. J’avais mes idées toutes faites et bien entendu, j’étais plus malin que les autres. À l’école, je me