Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/95

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rencognais. S’il m’arrivait de m’amuser un instant, je me reprochais cette infidélité à ma reine. Je n’aimais qu’un camarade, Charles, à cause de son air sérieux. Les autres, leurs jeux, leurs querelles, les polissonneries de certains avec de sales fillettes, ils n’étaient pas des pages, fi ! Quelquefois des désirs imprécis m’agaçaient, mes doigts avaient faim. Pouah ! comme M. le Curé je me rejetais en arrière. Le pacte m’interdisait la confession, je voulais cependant mon âme nette. J’aimais Dieu, mais de loin. Quant à ma Reine…

Un jour j’entendis maman parler d’un petit Jean.

— Qui cela, Jean ?

— Le fils de Maryan.

— Et de sa femme !

— Bien entendu.

Varia avec un ventre comme le goinfre ! Je ne sais comment, un an plus tôt, j’eusse accueilli cette nouvelle. Je me revois cette nuit. Je suis sur mon lit. Ma lavande fume. Je contemple ma pierre, le mouchoir, l’écorce. Je grince des dents : « Ma reine est à moi,… à moi… à moi… » À l’aube : « À moi… à moi… à moi… »

Le lendemain je tournai autour de maman.