Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/96

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Ce petit Jean, maman, comment était-il ? Pas possible : il marchait, il babillait ! En aurait-on des nouvelles. On me les communiquerait, n’est-ce pas ? Je voulais rester calme. Je bafouillais, les mâchoires serrées comme pendant la nuit.

Beaucoup de jours passèrent. Reportai-je sur l’enfant ce que je ne pouvais donner à une Varetchka inexistante ? Quand je pensais à lui, une exaltation singulière me prenait et j’y pensais constamment. J’en parlais à maman. Je l’appelais : mon Jeannot. Il était mon petit frère. Aller en Provence signifiait faire la connaissance de Jeannot. Je le voyais très bien : de bonnes grosses joues, des yeux clairs, une culotte de laine rouge, un béret peut-être bleu, mais dont le pompon était certainement blanc. Ainsi il trottinait sous notre « arbre ». De lui, je pouvais parler librement :

— Tu ne t’imagines pas, maman, ce Jeannot, je voudrais tant, tant, le voir.

Un jour, maman me dit :

— Tu iras bientôt.