Page:Baillon - Moi quelque part, 1920.djvu/72

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sournois quelque chose de rouge sous son ventre. Je n’aime pas beaucoup cet Onan de la ville.

Mon Dieu ! que de chiens ! Ce grand noir là-bas, avec son bout de chaîne, n’est-ce pas le Black de Fons ? Et ce petit roux, contre le fil, c’est ce rossard à Nélis qui un jour m’a déchiré la culotte. Et ce dogue ? Mais oui, le dogue au boulanger ; et ces autres que je connais, des vadrouilles partout à renifler les ordures du village !

Qu’ont-ils donc à trotter autour de mon enclos ? Bon, en voilà deux qui se battent ! et ce cochon devant mon poteau, hola ! se croit-il dans un urinoir ?

Et Spitz, que fait-il ? Il en prend à son aise. Sur le flanc, il se chauffe, il n’entend rien, il dort. Allons, Spitz, veux-tu aboyer, sommer cette racaille de déguerpir !

— Eh ! Monsieur, garez votre Spitz si vous ne voulez pas de bâtards.

C’est Fons qui vient chercher son Black.

— Des bâtards, Fons ! Comment ?

— Mais vous voyez bien : votre chienne…

— Ma… Ah ! c’est pour ça !

Je n’y pensais plus. Fons parti, je vais jusqu’à la niche :

— À ton âge, Spitz, faut-il que je te gronde. Vouloir mettre des gosses entre nous. Est-ce que j’en ai, moi ? Songe au ridicule. Nous vois-tu promenant par la bruyère ton bedon de femme enceinte ? On pourrait croire que c’est de moi. Allons, viens, que je t’enferme.

Un peu confuse, Spitz baisse son museau de chienne qui ne devrait plus penser à ces choses. Elle se laisse emmener, puis gentiment elle arrange sa paille pour dormir.

— Freluquets, grogne Spitz, qu’avaient-ils à flairer après moi ?

— Oui, oui, Spitz.

Mais un verrou vaut mieux.

Crac.

Bon ! voilà l’autre maintenant ! Spitz en prison, Fox s’est mis à la diète.