Page:Baju - L’École décadente, 1887.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

genres autrefois en honneur sont en pleine désuétude. Les longs poèmes qui ne finissant pas, dits de poésie descriptive, ne s’écrivent plus et se lisent encore moins. Il semble que l’extrême limite des pièces de vers décadentes soit réduite au sonnet. Les romans qu’on vit autrefois de douze volumes, puis de quatre, puis de deux et enfin d’un seul tendent à se condenser dans la longueur d’une nouvelle. Le théâtre qui fit longtemps les délices des peuples en enfance disparaît complètement. Il sera extrêmement rare à l’avenir de trouver un poète décadent enseveli sous les ruines d’un Opéra-Comique. Pour nous le théâtre c’est la vie ou tout au moins cirque, ce sont les catastrophes, les incendies, l’exécution des condamnés, leur torture en cours d’Assises, enfin tout ce qui peut faire vibrer en nous les cordes usées d’une sensibilité trop affaiblie.

Tout cela c’est l’école décadente.

Maintenant l’impulsion est donnée, rien ne saurait enrayé ce mouvement artistique qui promet d’être fécond en chefs d’œuvres. Je souhaite seulement à nos jeunes artistes de taire leurs rancunes personnelles au bénéfice de l’Art. C’est le tort de la plupart d’entre eux de s’entre déchirer, ou de conspirer le silence autour de quelques uns. Qu’ils sachent que celui qui est vraiment supérieur ne connaît pas d’obstacles et ne s’offense de rien. Il n’y a que les hommes médiocres pour être offusqués de ce qui les entoure et qui s’imaginent ne pouvoir briller qu’en faisant un grand vide autour d’eux.