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l’âme d’une médiocrité. J’ai la conviction d’avoir collaboré à un grand mouvement littéraire, j’en dirai ce que j’en pense, ni plus, ni moins, parce que je crois à son utilité.

AVANT NOUS

Ce siècle sur son déclin avait vu naître la plus immorale des littératures. Sorte d’encyclopédie impersonnelle dont l’esprit de minutieuse analyse est l’unique mérite, le Naturalisme, vrai miroir de cette société démocratique n’a jamais eu aucune élévation dans les idées. Il n’en pouvait avoir. Comment des écrivains qui ne pensent pas pourraient-ils distraire un instant leur esprit de la matière ? Pour eux le monde n’est qu’une immense machine automatique et les hommes qui l’habitent des mannequins stupides obéissant à des influences physiologiques inéluctablement fatales.

C’était bien la littérature de cette triste époque de nivellement intellectuel à outrance, où tout ce qui porte l’empreinte de la pensée est considéré comme une insulte pour ces plèbes qui ne pardonnent pas, et qui souffrent moins de leur propre abjection que de la hauteur de ceux qui les surpassent.

Condamné à la monographie des choses, le Naturalisme a fait les délices de ceux qui sont incapables de voir ou de sentir autrement que par leurs sens.

Un instant quelques fanatiques de ce genre ont pu