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le sang de la coupe

En ce jour où naquit Molière,
Je viens, au doux son de mes vers,
Sur sa tête aux Dieux familière,
Au lieu de roses et de lierre,
Poser ces lauriers toujours verts.

Car, depuis le siècle d’Astrée,
Nul parmi ces audacieux
Que je redoute et que je crée,
N’a mieux su la langue sacrée
Empruntée au rhythme des cieux.

Et moi qui descends d’une cime
Et qui naquis sur un autel,
Âme du mètre et de la rime,
Je veux voir sur son front sublime
Briller le feuillage immortel.

Et sous mes pieds, sœur du poëte,
Foulant les trésors, dédaignés
Pour une plus noble conquête,
J’entrelacerai sur sa tête
Ces rameaux, de soleil baignés.