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histoire de la ballade

C’est donc sur un air noté, connu, populaire, sur un air à danser qu’aura été réglé cet entrelacement de rimes que Boileau déclare capricieuses, lui qui pourtant trouvait de la naïveté dans la complication du Rondeau.

C’est sans doute aussi un air noté qui aura servi de modèle au Chant-Royal, contemporain de la Ballade, et qui peut-être lui a fourni l’Envoi qu’elle n’a pas à l’origine.

Lequel est l’ainé, du Chant-Royal ou de la Ballade ? On serait tenté de croire que c’est le premier, si l’on ne considérait que l’Envoi. L’Envoi, — l’Envoy de Prince, comme dit de Croï, — ce gentil appendice, cette adresse respectueuse et gracieuse, semble bien en effet appartenir en propre au Chant-Royal. C’était un hommage, un renvoi au poëte couronné du précédent concours, qui prenait le titre de Roi, et donnait la matière, le sujet du concours suivant, et non, comme on pourrait le croire d’abord, une dédicace au prince régnant, au souverain du pays.

Pourtant cette formule courtoise et galante ne pouvait-elle exister d’ailleurs ? Je crois qu’on en pourrait trouver des exemples dans les chansons du XIIIe siècle. Il est notamment une chanson du roi Thibaut commençant ainsi :

Chanter m’es tuet, que ne m’en puis tenir,