Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/402

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III

Mais heureusement il n’en a rien été. Attiré par ce nom de Silvio Pellico, astre de popularité, un moment, sur lequel un nuage avait passé, il nous en souvenait, attiré surtout par ce nuage que nous aimions plus que l’astre lui-même, nous avons ouvert ces lettres posthumes et nous y avons trouvé ce que tout d’abord nous n’espérions guères y rencontrer. Nous y avons trouvé le Silvio de la contrition et de la confession sans faste, — de la confession faite non orgueilleusement au public des livres, mais aux amis, à ces témoins de la vie qui nous jugent, tout en nous aimant et devant lesquels nous sommes tenus de nous expliquer. Ah ! certes, nous avons marché ! Dans les Prisons, Silvio Pellico n’accuse personne, mais il ne s’accuse pas lui-même, tandis que dans ces lettres, écrites presque toutes après la délivrance, quand il pouvait rester, sans jamais en descendre, sur le piédestal où l’amour des partis et la pitié du monde l’avaient placé, c’est lui, lui surtout qu’il accuse et qu’il accuse seul. Le doux résigné du Spielberg est devenu le repenti de la correspondance. Il a condamné son passé, et jamais meâ culpà ne fut plus explicite. Il n’a pas seulement, suivant le précepte divin, béni et glorifié la main qui châtie ; il a, au nom de la vérité toute simple et de l’étroite justice, amnistié l’Autriche de ses châtiments. Il a fait bien plus que de bénir, il a justifié. On a bien discuté l’Autriche : les uns l’ont donnée pour cruelle parce