Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/412

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’éloges officiels, dont l’original reste au greffe et dont la minute est donnée à la postérité, qui aimera à la lire pour la façon dont elle est libellée, je vous en réponds ! Il y a un autre homme qui n’est pas, qui n’a jamais été dans Fontenelle. Fontenelle, lui, quand, de ses deux doigts que j’adore, il a fini d’écrire son Éloge d’Académie ou son Histoire de l’Académie, qui était aussi un éloge, bien digne d’un ancien madrigaliste comme il l’avait été en l’honneur des dames (car les académies sont des dames aussi, quoique composées de plusieurs messieurs), oui, quand Fontenelle a achevé de tourner ce madrigal suprême, et il le tourne bien, ayant eu jusqu’au dernier moment la grâce et la clarté, cette grâce de la lumière ! ayant été, ce vieux Tithon, aimé jusque-là de l’Aurore, alors tout est dit ! Il est épuisé, il a rendu son dernier souffle, l’aimable bonhomme. Il n’est plus que le Céladon, plus passé que ses aiguillettes, d’anciennes bucoliques oubliées, — un pasteur d’Arcadie, enterré en Académie.

Mais M. Flourens, après ses Éloges, est toujours M. Flourens, c’est-à-dire ce qu’il a été toute sa vie, un anatomiste, un naturaliste, un physiologiste, un professeur ! Ce n’est pas seulement qu’un secrétaire perpétuel d’académie. Il est perpétuel de talent, en son propre nom, ce qui vaut bien mieux ! Il y a là, dans cette publication de chez les frères Garnier, huit à dix volumes qui ne sont que la fleur d’un panier très-plein et très-profond, dans le fond duquel je ne plongerai pas mes mains indignes, mais je me permettrai de toucher, sans appuyer, au velouté de toute cette fleur. Je me permettrai de vous faire remarquer cette poudre étincelante,