Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Hors ces idées générales, dont nous avons essayé de donner l’idée, il y a dans le livre de M. Taillandier son train-train de critique ordinaire, et cette partie du livre n’a plus pour nous le même intérêt. Les opinions d’un homme ne sont-elles pas tout en cet homme ? Qu’importent ses relations et ses goûts ! Les relations de M. Saint-René Taillandier, c’est tout le personnel, ancien et moderne, de la Revue des Deux-Mondes, pour laquelle son livre est une épouvantable réclame de quatre cents pages environ, et ses goûts, c’est MM. Renan et Edgar Quinet, auxquels il a consacré toute la partie du volume qu’il a pu arracher aux Allemands. Il est vrai qu’il y a beaucoup d’allemand encore dans MM. Renan et Quinet. Et voilà pourquoi, sans nul doute, ces deux messieurs, dont l’un téta Herder et l’autre Hegel, — le puissant Hegel, dit M. Taillandier avec tremblement, lui paraissent presque deux hommes de génie ! L’opinion personnelle de M. Taillandier nous étant assez indifférente, à nous qui avons aussi notre opinion sur ces Messieurs, nous ne ferons pas aujourd’hui de la critique sur de la critique, et nous laisserons M. Taillandier au charme de ses impressions.

Ce qui est curieux, ce n’est pas que deux rédacteurs de la Revue des Deux-Mondes paraissent deux fiers hommes à un troisième rédacteur de la Revue des Deux-Mondes. Le curieux, dans ces articles, c’est justement ce qui se mêle parfois d’une manière tout à fait inattendue à l’éloge de l’un et de l’autre. Par exemple : vous aviez cru, n’est-ce pas ? que M. Ernest Renan, quoique sorti du séminaire, n’était pas précisément la gloire de ce respectable établissement ? Eh