Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/84

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bien ! c’était là une erreur ! C’est comme cette liberté religieuse qui manque à la France ! Aux yeux de colombe de M. Taillandier, ce tendre Fénelon de la religion libre de l’infini, M. Renan, — qui a le sentiment de l’infini et qui est un sonneur de cloches de cette religion de l’infini réveillée, — M. Renan est profondément religieux, et si M. Saint-René Taillandier ne s’ajustait pas très-bien par son genre de talent à la consigne absolue de la Revue des Deux-Mondes, « soyez gris et lourd ! » il aurait peut-être été piquant et coloré pour la première fois de sa vie en nous parlant des sentiments religieux de M. Renan, mais M. Buloz, qui ne badine pas, a été obéi !

De même dans l’article sur M. Edgar Quinet. M. Quinet, le révolutionnaire, n’est pas seulement religieux, lui, il est patricien et sacerdotal, ce qui, par parenthèse, n’est pas une injure, comme vous pourriez le croire, sous la plume du dévot libre au christianisme de l’infini !

Ces inconséquences, ces titubations, n’inquiètent pas beaucoup M. Taillandier. Elles sont nombreuses dans son livre, mais parmi toutes il y en a une sur Machiavel que je me permettrai de citer… Il y a de par le monde allemand un certain M. Gervinus qui a fait une justification de Machiavel comme Macaulay en a fait une autre en Angleterre. Seulement ce M. Gervinus n’a pas le brillant coup de batte de Macaulay, qui a été un peu, ce jour-là, l’arlequin de l’histoire. M. Gervinus est plus lourd naturellement, plus compendieusement travaillé, plus creusé et plus creux que l’historien anglais.

Tout le temps que M. Taillandier examine et développe