Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/48

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Le loup, et l’aigle et l’Alcyon ;

Lui montrant l’astre d’or sur la terre obsurcie,

Je lui dis — Courbe-toi. Dieu lui-même officie,

Et voici l’élévation ! La voilà, toute cette pièce. Selon le plan que nous nous sommes imposé, nous ne voulons l’examiner qu’au point de vue exclusif de la valeur poétique et de la grandeur ou de la justesse des analogies. Nous n’avons pas à faire saillir l’insolente profanation qu’il y a là-dessous, car une chose nous touche et venge notre Dieu de toutes ces insultes. Le panthéiste blasphémateur, avec sa religion du Cosmos, s’épouvante de l’apparition du Dieu qu’il nie et conserve, malgré lui, la terreur des Hébreux au Sinaï. Eh bien ! littérairement et nonobstant le rude travail de forgeron qui a martelé cette poésie, cette pièce (l’une des mieux fabriquées) est d’un grotesque involontaire et d’une fausseté d’images qui montre que l’imagination dans M. Hugo est aussi corrompue et perdue que sa conscience de chrétien.

Si tes vers ne sont pas de vains flocons d’écume,

Si ta strophe n’est pas un vain tison qui fume

Sur le tas de cendres néant, …

… Courbe-toi (dit-il), Dieu lui-même officie ! sont des vers avortés d’expression autant que d’idée, et ces vers manqués ne sont qu’un accident de la pensée, de peu d’importance en comparaison de la pauvreté et du dérangement intellectuels de cette tête à métaphores qui nous sert l’azur pour l’église, Dieu pour le prêtre, la lune pour l’hostie et l’élévation.