Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/149

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la main de Dieu… Témoin plus que personne, par ses voyages et ses études, de cette stérilité historique dont l’Asie est frappée, Huc, qui n’est ni un panthéiste ni un matérialiste, puisqu’il est prêtre, a dédaigné de refaire sur des proportions sans justesse une histoire qu’on pourrait bloquer en quelques pages, tant elle est monotone et bornée, et il a choisi pour nous la raconter la seule chose qui soit vraiment digne d’une histoire, cette transfusion tant de fois essayée du Christianisme dans les veines du monde oriental, cette transfusion qui n’a pas réussi encore, mais qui doit réussir, si l’Asie n’est pas irrémissiblement condamnée !

II

Félicitons-le de ce choix et de cette préférence. Son histoire, qui commence par ces deux volumes d’un intérêt si animé, formera un ensemble complet des progrès successifs et des extinctions alternantes du Christianisme en Chine et au Thibet. Magnifique et quelquefois navrant spectacle ! L’auteur y remonte, à travers mille obscurités, jusqu’à la première lueur qu’on y voit poindre de cette doctrine chrétienne, en définitive étouffée par cette masse d’idolâtrie subsistant toujours et qui a fait de la Chine quelque chose