Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/167

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Il faut ajouter, pour compléter cette liste de vingt-deux, Marchenna, Girey-Dupré et Riouffe, qui n’étaient pas députés, — et Fauchet, l’évèque intrus du Calvados, le seul homme de talent réel, une espèce de Diderot évêque qui aurait eu la foi, et à qui la foi et le sacrement de l’ordre sans doute valurent plus tard le repentir. Fauchet mourut comme les autres à la guillotine, mais avant de mourir il y abjura ses erreurs.

Quant au mouvement insurrectionnel dont Vaultier nous fait le récit en l’opposant au récit des Mémoires de Louvet et de Wimpfen, le général équivoque des forces armées du Calvados, il se borna, ce formidable mouvement, à la ridicule affaire de Brécourt, que des historiens à microscope, dès qu’il s’agit de la Révolution, ont exagérée. Il faut voir cette grotesque expédition racontée comme il convient dans ces Souvenirs, avec un style qui ne poétise rien et qui dit le fait comme il fut. Il ne fut point héroïque. Ce fut une expédition de Sosies. De part et d’autre, on se sauva ; véritable guerre de lièvres, où tout le monde eut peur de tout le monde ! « Il paraît que le noyau « d’armée que nous avons attaqué à Brécourt était fort « peu de chose, — dit candidement l’honnête Vaultier. « — Or, cette troupe avait dû se disperser et s’enfuir « jusqu’à Nantes, dans le temps où NOUS-MÊME « (superbe !) nous avions rétrogradé jusqu’à Évreux. »

Encore une fois, nous aimons qu’on rappelle ces détails et qu’ils soient signés par un homme de bien.