Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/223

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usurpateurs allemands, et pour lui qui n’est pas un historien ecclésiastique, qui n’a de foi religieuse que son respect politique pour l’Église, ceci dénote une rare perfection de bon sens. La grande question était là, en effet : — la réforme. Mais la réforme par en haut, par l’initiative de la papauté ! L’histoire de l’Église, à cette époque, qu’il a su écrire, a des pages qui feraient pleurer ceux qui l’aiment.

Alors, les mauvaises mœurs rongeaient la société chrétienne jusqu’au cœur du prêtre, et l’hérésie, cette autre corruption spirituelle, pourrissait l’esprit même du sacerdoce. Béranger venait de nier la présence réelle, c’est-à-dire d’un coup tout le Christianisme dans son dogme générateur, et le concubinat, passé presque à l’état d’institution, avait eu l’ambition du sacrement. Les prêtres concubinaires voulaient le mariage, et Grégoire, en s’opposant à cette ambition sacrilège, en s’attaquant à un ordre de choses que le temps avait affermi, n’entreprenait pas moins — dit Renée — que de briser les mœurs et la vie habituelle de plusieurs millions d’hommes ». Il n’y faillit pas cependant ; les canons furent exécutés avec la dernière rigueur ; la force non pas d’un homme, mais la force de Dieu dans un homme, sauva l’Église, et avec l’Église la civilisation du monde.

L’auteur de la Grande Italienne l’a vu, et c’est l’honneur de son esprit. « Le grand rôle de Grégoire VII — dit-il — est le célibat maintenu dans