Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/353

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par l’étude des faits s’est tranquillement détournée, c’est ce fanatisme, qui, lui seul, a pourtant arraché le XVIe siècle à l’outrage mérité du genre humain, et qui l’a sauvé du mépris absolu de l’Histoire !

Oui ! le fanatisme religieux, cet horrible fanatisme religieux… comme ils disent ! Il n’y avait plus que cela qui valût réellement au XVIe siècle. Il n’y avait plus que cela qui vécût, pour l’honneur de l’âme humaine pervertie. C’est tout ce qui restait de l’antique foi chrétienne, de l’enthousiaste amour de Dieu, épousé par le cœur ardent du Moyen Age demeuré fidèle jusqu’au grand Adultère de la Renaissance, dont le XVIe siècle fut un des bâtards ! Oui ! le fanatisme religieux, le charbon fumant d’une flamme d’amour, inextinguible encore, pour une religion enfoncée par le marteau de quinze siècles dans le cœur, les mœurs et les institutions politiques des peuples, et même de ceux-là qui s’étaient révoltés contre elle… Il ne faut pas s’y tromper ! Le Protestantisme, malgré sa rupture et son hérésie, eut, au XVIe siècle, tout autant que le Catholicisme, le fanatisme religieux. Le Protestantisme combattit pour Dieu, contre Dieu… Aux supplices atroces de Philippe II, les atroces supplices d’Élisabeth d’Angleterre répliquaient… L’auteur politique de l’histoire actuelle de Philippe II n’a pas regardé assez avant dans ce fanatisme religieux pour plonger au fond et voir clairement ce qu’il signifiait. À cela, il a mutilé son histoire. Double déchet, moral