Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quel nous n’avons jamais éprouvé de respect ni de sympathie, ce que nous avons trouvé de plus remarquable dans ce peuple, qui a le mouvement sans la vie, c’est l’esprit, — c’est ce genre de pensées qui ne viennent pas du cœur, par opposition avec les grandes qui en viennent et qui constituent le Génie, — c’est l’esprit comme les vieilles civilisations le comprennent, volatil, brillant, chatoyant, agaçant comme un diamant aux lumières, affilé comme un dard, passant comme une flamme, ou qui reste comme un parfum. Oui ! de tout ce que le Temps éteint sur le sépulcre de la Chine, où la Philosophie européenne, en pleureuse, vient brûler les pastilles de ses admirations, l’esprit est le dernier rayon qui brille et qui lutte avec l’inévitable obscurité. Nous avons fait le compte de cette banqueroute humaine. La Philosophie de Confucius, ce bâton flottant du fleuve Bleu ou Jaune, vue de près, fait pitié de trivialité morale. La Science chinoise, qui semblait auguste comme une fille de Mage, a besoin d’un lambeau de la soutane d’un jésuite pour s’envelopper, et ne sait pas faire même un almanach. L’Art chinois n’est que de l’industrie, et l’Industrie chinoise consiste dans l’emploi de vieux procédés qu’elle n’explique ni ne rajeunit. L’aptitude si vantée des Chinois pour le commerce n’est que la faculté de mentir, quand ce n’est pas celle de voler. Somme toute, comme on voit, il ne reste guères qu’un zéro au quotient de ce peuple. Mais l’esprit y pétille encore. Nation cadavre, la Chine