Page:Barrot - Mémoires posthumes, tome 1.djvu/15

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nôtres, nous en trouvions mille exemples. De quoi s’agissait-il après tout ? De provoquer un mouvement d’opinion en faveur de la réforme électorale et d’élargir ainsi le cercle trop étroit de ce qu’on appelait le pays légal ? Qu’on relise les nombreux discours que M. Barrot prononça en présence d’auditoires mêlés et tumultueux, on n’en trouvera pas un qui dépasse la limite légale et constitutionnelle. C’était au nom d’une politique plus libérale que les populations se réunissaient et applaudissaient l’orateur. Une seule fois des opinions plus vives voulurent lui imposer un autre programme, et il refusa son concours.

Il reste à savoir à qui, du ministère ou de l’opposition, doit être imputée la responsabilité d’une catastrophe que ne prévoyaient ni le ministère ni l’opposition. Sur ce point on ne parviendra jamais à s’entendre : ce qu’il y a de certain, c’est que la plus faible concession de la part du gouvernement eût tout apaisé, si elle avait été faite à temps. Le jour de la crise, M. Barrot, d’ailleurs, se montra le plus intrépide défenseur de cette monarchie qui l’avait compté, en 1830, au nombre de ses fondateurs. Tandis que M. de Lamartine exécutait dans la Chambre le pacte qu’il avait conclu le matin avec le parti républicain, on voyait M. Barrot aux Tuileries, sur les boulevards, au ministère de l’intérieur, au palais Bourbon, faisant un dernier effort pour sauver la Constitution et la dynastie. Peu de jours avant sa mort, il exprimait encore le regret de n’avoir pas rencontré madame la duchesse d’Orléans à temps pour la conduire à l’Hôtel