Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/201

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Hosannah, ni Alleluia, ni Gloria in excelsis. Nos cœurs gonflés de bonheur veulent conserver cette joie, en jouir longtemps, et des chants la leur feraient perdre. Restons avec l’amour qui nous remplit.

Il exhorta les fidèles à profiter chacun d’un moment de silence qui allait leur être donné, pour écouter les paroles que le Paraclet leur murmurait au fond du cœur.

Pendant ce temps, il prit l’ostensoir, donna la bénédiction aux assistants, et d’une voix plus basse aux êtres invisibles. Il se répandait en paroles désordonnées, souvent inintelligibles, parfois même inarticulées. Il voyait l’au-delà. Mais loin d’entrer victorieusement en lutte avec l’Ange des Ténèbres, il semblait s’en épouvanter lui-même. Tout à coup, on l’entendait qui criait : Ah ! Ah ! Ah ! et on croyait le voir courir comme un phalène dans la nuit. Ce fut ce soir-là un papillon tête de mort. Il ne rendit pas le royaume des ombres saisissable, mais par ses sursauts d’enthousiasme et ses accablements, par ses soupirs et ses cris, et aussi par des illuminations trop brèves, il fournissait une sorte de musique expressive et bizarre. Il la poursuivit très avant dans la nuit ; il en bouleversa son auditoire. Avec cela, par brusques réveils, la netteté