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DRAMES

Aujourd’hui, ou aussitôt que la glace sera descendue, le “ Pratt ” et le “ Sorel ” iront à Ste-Anne, porter ces provisions.

En attendant, des citoyens charitables en transporteront en canot.

L’eau, comme nous le disons en commençant, dépasse de vingt pouces le niveau atteint lors de l’inondation de 1865.

C’est dire que la scène est des plus navrante et le spectacle le plus émouvant qu’il soit donné de voir.

Nous ne connaissons pas encore les dégâts que la débâcle ou l’inondation ont pu causer dans les îles et le bas de la paroisse, mais il est à craindre qu’ils ne soient considérables.

Sorel, 24 avril 1896.

Enfin, la débâcle, sur le St-Laurent, est terminée. Depuis mardi soir l’eau a repris son cours et la glace descend avec rapidité. À vrai dire, il ne reste guère plus que quelques glaçons qui descendent, lesquels se détachent des rives, où ils s’étaient amoncelés à une hauteur considérable, atteignant, à certains endroits, vingt, trente et même quarante pieds, tout le long de la paroisse de Ste-Anne et des îles St-Ignace, de Grâce et du Moine.

Toutes les maisons, les granges, remises, écuries, etc., sont entourées de ces énormes glaçons, qui, étant complètement échoués, devront fondre sur place.

Les dommages causés par l’eau et la glace, depuis notre dernière édition, sont assez considérables.

Sur l’île du Moine, deux granges ont été culbutées par la glace, et la maison de M. Joseph Paul a été renversée.

À Ste-Anne de Sorel, un peu en bas de l’église, la maison de M. Paul Mongeau a été reculée et sa grange renversée ;

La maison de M. Charles Cournoyer a été défoncée ;

La maison de Mme Vve Narcisse Latra verse a été reculée de plusieurs pieds et sa grange et deux autres bâtiments, renversés ;

Chez M. le lieutenant-colonel Ed. Paul, les bâtiments ont été plus ou moins avariés, mais non d’une manière considérable. La superbe sucrerie qui entoure sa maison a protégé sa magnifique résidence et ses autres bâtiments contre une ruine complète.

Partout d’ailleurs où des arbres entouraient des maisons ou autres constructions, celles-ci ont été protégées.

La grange de M. Ignace Letendre a été renversée ;

L’hôtel Ste-Anne, de M. Houde, a été reculée de cinq pieds et défoncée par la glace ;

La maison de M. Narcisse Salvail est avariée et une écurie et des hangars sont renversés ;

La maison, cinq granges et une écurie, appartenant à M Didace Guévremont, fils de Pierre, sur l’île Ronde, sont complètement détruites !

Le phare de l’Île à la Pierre a aussi été renversé.

Outré ces dommages, plus de cinquante bêtes à cornes, une vingtaine de cochons et quelques chevaux se sont noyés.

Tous les ponts, les clôtures ont été emportés on considérablement endommagés par la glace et l’eau.

Et combien d’autres dommages qui ne pourront être constatées qu’après que l’eau se sera complètement retirée !