Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/321

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gnie… Le temps de faire descendre Madame… je téléphonerai.

(Le rédacteur sort. Madame Dartès prenant un exemplaire à couverture rouge.)
MADAME DARTÈS.

Le pavé rouge !

GIBERT.

Il frappera au bon endroit, je vous en réponds !

MADAME DARTÈS.

Qu’est-ce qui va sortir de tout ça ?… Si on pouvait le savoir à l’avance !… Comme c’est curieux, j’éprouve à mon tour, exactement, l’impression d’incertitude et d’émoi qu’a éprouvée Dartès le jour où il écrivit son premier article contre vous et qui déclencha toute cette série d’incroyables événements… À mon tour, je m’interroge anxieusement… Ai-je bien fait ?… De quels événements vais-je être la promotrice ?… Et, ceci est encore plus curieux, Gibert, penchée sur mon propre doute, sur ma propre angoisse, je sens que, même si j’entendais une voix intérieure qui me désavoue, eh bien ! rien ne m’empêcherait d’agir et d’aller de l’avant !

GIBERT.

C’est que vous le haïssez tellement !

MADAME DARTÈS.

Ah ! oui, je le hais, de toutes mes forces !… Mais il n’y a pas que la haine, il y a le besoin mystérieux de dire la vérité de son cœur et de sa foi, l’extraordinaire plaisir de lutter contre ce vertige qui vous attire, qui vous attire !… Ah ! l’attraction de ce qu’on croit la vérité !… Quand j’étais petite, j’éprouvais ça déjà !… J’émettais des