Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/47

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NUNEZ.

Voyons, personne ici ne connaît, ni n’a rencontré dans sa vie Don Juan de Manara ?

PLUSIEURS VOIX.

Personne que je sache, dans le pays !… Personne ne le connaît.

NUNEZ.

Nous allons bien juger, par exemple, si je suis dément ou si elle joue une infâme comédie !… Que tout le monde me suive… qu’on cherche !… Qu’on fouille le château partout !… Pas de temps à perdre !… Sonnez la cloche d’alarme pour ameuter les voisins et les paysans.

TOUS.

En chasse !…

NUNEZ, (à Consuelito.)

Viens, toi… je t’attache à mes pas !… Si tu n’as pas menti, Consuelito, ma vengeance ne sera pas différée d’une heure… Où que soit Don Juan, s’il vit encore, je le retrouverai… J’en fais serment sur ta bouche de parjure !… Vous, ne la laissez pas échapper, tenez-la bien et suivez-moi.

(Il descend dans le souterrain. Consuelito, se laissant entraîner, raille et chante sa chanson italienne. Les uns se précipitent dans le château, les autres se dispersent dehors. Des écuyers passent avec des molosses, qui, lâchés, se mettent à japper de tous côtés. Va-et-vient, branle-bas général. Le corps de Manuel demeure abandonné. Au bout de quelques instants, Don Juan avance en rampant dans l’ombre.)