Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/233

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ISABELLE.

Mais oui, Georges sait ! Je crois bien. Il est là ! (haut) Georges !

JEANNINE.

Non, non ! je ne veux pas !… je ne veux pas !

(Elle se renfouit dans les coussins, cette fois complètement. Isabelle fait un geste impérieux à Georges et mimique de Georges qui a l’air de dire : « Tout à l’heure… on a bien le temps ! »… Il s’échange à ce moment, entre Georges et Isabelle, une pantomime agitée.)
ISABELLE, appelant très haut.

Georges ! (À Jeannine.) Tiens, le voilà devant toi !… Ouvrez les yeux !

JEANNINE, sanglotant et trépignant, la bouche contre les coussins.

Je ne veux pas ! Je ne veux pas !

ISABELLE.

Tiens, le voilà qui te tend la main et qui te parle. Regarde.

(Nouvelle mimique. Il faut enfin que Georges se décide. Alors il tire ses manchettes brusquement de l’air de quelqu’un qui prend un grand parti et il s’avance.)
GEORGES, avec un sourire bête et figé sur les lèvres.

Eh bien, Jeannine, eh bien… vous nous en faites des peurs ! Vous ne voulez pas me donner la main ?

JEANNINE, pleurant à gros bouillons.

Isabelle ! Isabelle !

ISABELLE, essayant de lui forcer doucement les paupières avec les doigts.

Ouvrez les yeux ! Je veux que tu ouvres tes petits yeux… Si, si… qu’est-ce que c’est que ça !



RIDEAU.