Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/294

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GEORGES, réprimant vite un geste.

Oh ! puis je dis ça ! c’est histoire de rire un peu, parce que j’en ai besoin, et parce que ça me fait plaisir de te voir, mais au fond de cette histoire… il y a de vraies larmes et de vrais chagrins. Je n’en perds aucun.

VICTOR.

Ah ! ça voyons… Est-ce que ta femme ?…

GEORGES, l’interrompt brusquement en lui frappant sur l’épaule.

Ahl non, non ! Tout ce que tu voudras… mais pas d’explications… pas ça ! Je bavarde, pour me débonder. Tout ce que je réclame de toi, c’est de me montrer ta bonne grosse figure de camarade… je te l’ai dit, je ne suis pas difficile !… rien que de t’avoir vu, j’en ai pour plusieurs jours à être remonté. Mais voilà tout !… Les explications, c’est pour les femmes… Au travail ! Ainsi, pour le moment, mon travail c’est douze plaques à développer. Je vais te demander la permission d’entrer dans le cabinet noir. Tu peux rester là, d’ailleurs.

VICTOR.

Mais non, je te remercie… Je vais chercher Odette à la maison, si on lit.

GEORGES, prenant l’appareil et le balançant lentement dans l’air.

Et puis, mon vieux, il y a Montaigne dans un coin… Un petit chapitre, de temps en temps, qui ne vous fait pas de mal, une bonne pipe, et l’on se dit qu’après tout il faut savoir s’arranger, et que tâcher de faire le moins de mal possible, c’est encore la vraie définition de ce mot un peu emphatique (Un temps) mais beau tout de même (Un temps) la bonté… Parlons d’autre chose, veux-tu ?

VICTOR.

Je n’ai pas besoin de t’assurer que je me mets à ton entière disposition, ne serait-ce que pour te tenir com-