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ISABELLE, à part.

Elle lui tend les lèvres ! Oh ! la petite rusée ! la rusée. Elle lui envoie un baiser ! Cela a l’air d’une petite grimace de rien du tout… (Un sourire effleure les lèvres de Georges qui relit une page.) Ah ! il a souri ! Je suis blême !… C’est affreux… Elle se rapproche. Ah ! mais ils se moquent de moi ! Je vais le leur crier !… C’est trop, à la fin !… Je suis là, pourtant, je compte, j’existe… (Soudain, haut, éclatant.) Georges, embrasse-moi. (Georges, stupéfait, lève la tête.) J’ai dit : Embrasse-moi !

(La petite n’a pas bougé. Elle regarde sa sœur avec une haine indicible. Puis, elle jette la guitare et s’enfuit, muette, claquant la porte.)


Scène XII


ISABELLE, GEORGES.

GEORGES.

Qu’est-ce qui te prend ? Mais, réponds, qu’est-ce qui t’a pris ?

ISABELLE.

Je ne sais pas… Je te demande pardon.

GEORGES.

De ce train, tu finiras par être la cause même du malheur que tu redoutes !… Il faudrait bien savoir véritablement, ma chère amie, puisque vous imposez à cette enfant de vivre entre nous, ce que vous voulez au juste. Avant vos remèdes, il n’y avait rien à craindre, mais maintenant, il y a tout à craindre ! Si c’est ainsi que vous comptez la traiter !… Mais, au nom du ciel, quel accès t’a pris ? réponds ?…

ISABELLE.

Je ne sais pas… un coup de folie, tu as raison, un