Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/162

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fais pas ?… Ce n’est pas ennuyeux, je me mets près de la fenêtre, là, à côté, et je chante les chansons de ton pays que tu m’as apprises… Tu ne viens pas ?…

LA MASLOWA, confidentiellement.

Non… C’est mon heure…

FÉDOSIA.

Ton heure ?…

LA MASLOWA.

C’est l’heure où je suis toute seule. L’infirmière est en bas. C’est l’heure où je pense et où je m’amuse avec ma petite boîte.

FÉDOSIA.

Quelle boîte ?… Tu ne m’en as jamais parlé.

LA MASLOWA.

Ohl c’est peu de chose… J’ai mes petites affaires à moi dans cette boîte, des riens… (Elle monte sur un escabeau et prend sur un rayon, une petite boîte.) C’est tout ce que j’emporterai là-bas… Il y a la photographie, tu sais… et puis un bout de glace cassée… et puis un ruban rouge… des choses, quoi… Va-t’en maintenant, laisse-moi seule… puisque c’est mon dernier jour… (Fédosia sort. La Maslowa ouvre avec précaution la boîte. Ah ! Voyons… la photographie, là… la glace… (Elle essuie avec sa manche le bout de glace cassée qu'elle a retiré ; puis, pose la photographie sur la table. Elle regarde la photographie et la glace alternativement, et met un nœud rouge dans ses cheveux, un nœud rouge fait avec un morceau de ruban fané.)