Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/372

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sement ce que vous me dites là ! En effet, personne de mon entourage n’a connu maman à l’époque lointaine dont vous parlez !… On m’avait dit souvent que nous avions des ressemblances mais pas à ce point : même dans les photos, j’ai trouvé, comme vous le dites, des différences très sensibles. Il est vrai que les photos, ce n’est pas la vie. Et votre cri de stupéfaction a été si sincère, Monsieur, qu’il n’y a pas de doute possible sur cette espèce d’identité.

JUSSIEUX.

Voilà… Vous dites le mot, ce n’est pas de la ressemblance, c’est l’identité même…

HENRIETTE.

Mais spécifiez-moi par exemple. Parce que, maintenant, ces points de ressemblances sont tellement effacés.

JUSSIEUX.

D’abord, avant tout, les yeux…

HENRIETTE.

Là, en effet, tout le monde est d’accord.

JUSSIEUX.

Le ton de la chair, la peau, l’expressivité du mouvement général… tenez, cette façon de regarder de côté en levant le sourcil.

HENRIETTE.

Comme ça ?

JUSSIEUX, (riant.)

Ah ! non, ne le faites pas exprès, c’est déjà moins ressemblant ! Ça devient de l’imitation… c’est tout autre chose !… Et puis, voulez-vous savoir, par-dessus tout, le rire.